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Photo du rédacteureric d'HEROUVILLE

Sainte Victoire

Sur les traces de Cézanne


Réveil aux aurores (4h) pour emprunter le sentier des Venturiers au pied de la face Nord de la Sainte Victoire sur la commune de Vauvenargues.

Le temps est clément et le soleil de Provence est encore sous sa couette. D'ici quelques heures, il brûlera de ses feux ce paysage encore couvert par la rosée du matin.

Je croise ici un écureuil, là un lièvre qui s'affairent à leurs occupations matinales. Pas de bruit hormis celui de mes pas qui me portent vers ce sommet atteint il y a plus de 50 ans.



Après 45mn de marche, les premiers rayons du soleil se font sentir et le contraste est saississant. Pourtant ce mois de juillet 2021 n'est pas un des plus chaud. Mon corps s'adapte à la montagne. Je gagne en humilité et fait profil bas. Je ménage mes efforts car La chapelle qui trône sous La Croix de Provence est encore loin.


L'ensemble des édifices situés à 900m ont été construits au cours du XVIIème siècle. J'arrive à la hauteur d'un mur de pierres sèches qui annonce l'entrée dans le domaine des moines. Les chênes verts, pins ont cédé la place aux buis et lavandes. Le minéral se fait plus présent et le marcheur sent ici le poids tellurique qu'offre cette montagne du jurassien. Difficile d'imaginer que je marche sur un fond marin. En effet ce calcaire est constitué de millions de coquillages entassés et qui par un mouvement synclinal pareil aux voilages des Mas agités par le mistral s'est mise à se relever pour présenter sa resplendissante face sud reconnaissable entre toutes.



J'aperçois en bas le barrage du Bimont construit avec les fonds du Plan Marshall. L'étude fut confié au bureau Coyne et Bellier qui construisirent aussi le tristement célèbre barrage de Malpasset à Fréjus.

Il récupère les eaux de la face Nord de la Sainte Victoire auxquelles s'ajoutent celles du Verdon pour alimenter en eau potable le bassin Aixois en contrebas et aussi Marseille.


Après 2h de marche bien raide, me voici enfin dans ce sanctuaire resplendissant.

Je suis accueilli par Notre Dame de Victoire qui veille sur le lieu.



Le chemin a laissé place au génie des hommes. La calade de la cour intérieure me renvoie un son plus doux. Je me sens fourbu mais heureux de me retrouver là.

Je suis seul et déambule dans cet endroit vieux de 4 siècles.

Je m'interroge: qui sont ces moines qui, affrontant la rudesse des éléments ont décidé un jour d'élire domicile dans ce lieu inhospitalier.

Le seigneur de Vauvenargues (commune en contrebas du versant Nord) confit à l'abbé Aubert la charge de produire une parcelle de blé en faveur du seigneur. Construite à flan de montagne, elle est aujourd'hui envahi par la nature qui a repris ses droits.

La construction des édifices fut réalisée grâce à l'aide précieuse de nombreux mulets ( on compterai près de 50000 voyages...).



Au XVIe siècle, Sainte-Victoire est l’objet d’un important élan religieux avec le pèlerinage de la confrérie des Pertuisiens.

La mort de l'abbé Aubert entrainera une baisse des pèlerins. Seul quelques ermites y séjournent. La révolution française sonnera le glas de ce site religieux.


Les XVIIIe et XIXe siècles voient l'abandon progressif et le délabrement des différents édifices. Mais depuis 1954, l’association "Les Amis de Sainte Victoire", créée par Henri Imoucha, oeuvre pour restaurer les bâtiments de ce site privilégié afin de les "rendre dignes de leur prestigieux passé et de leur naturelle destination".


Le rêve redevient réalité et nous pouvons encore embrassé, par temps clair, la vue sur la mer Méditerranée à travers la brèche des Moines qui offre un panorama époustouflant où les martinets se jouent des courants aériens dans le ciel de Provence cher à nos peintres.



@eric d'HEROUVILLE. 2021




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